
Mort du pape François : l’ultime souffle d’un défenseur des oubliés — un regard tourné vers les Yézidis
Vatican, 24 avril 2025 — Le monde entier pleure aujourd’hui la disparition du pape François, survenue ce matin au Vatican à l’âge de 88 ans. Premier pape jésuite, premier pape originaire d’Amérique latine, Jorge Mario Bergoglio avait choisi le nom de François en hommage à saint François d’Assise, symbole de pauvreté, de paix et de fraternité. Ces valeurs, il les a incarnées avec force tout au long de son pontificat, marqué par un engagement profond pour les plus vulnérables, au-delà des frontières religieuses. Parmi les causes qui lui tenaient à cœur : le sort tragique de la communauté yézidie.
Un pontife tourné vers les marges
Depuis son élection en 2013, François a profondément transformé la manière dont l’Église catholique se positionne dans le monde contemporain. Il a recentré l’attention sur les périphéries : les pauvres, les migrants, les minorités religieuses persécutées. Dans cette dynamique, il s’est exprimé avec force contre toutes les formes de violence, d’injustice et de génocide, n’hésitant pas à employer des mots forts là où d’autres observaient un silence diplomatique.
En 2014, à peine quelques mois après l’invasion du nord de l’Irak par le groupe État islamique, le pape dénonçait publiquement les crimes perpétrés contre la communauté yézidie. Des milliers d’hommes exécutés, des femmes et des enfants réduits à l’esclavage : François a immédiatement qualifié ces actes d’« innommables », avant de parler, sans détour, de « génocide » lors d’allocutions et d’audiences générales.
Rencontres et gestes puissants
Le pontife n’a pas seulement parlé. Il a écouté. À plusieurs reprises, il a reçu au Vatican des délégations yézidies, dont des chefs spirituels, religieux et politiques, venus porter la voix d’un peuple oublié par les grandes puissances. Ces rencontres, parfois discrètes, ont souvent été décisives pour attirer l’attention internationale sur la tragédie yézidie.
Parmi ces moments forts, la rencontre avec Nadia Murad, prix Nobel de la paix 2018, fut l’un des plus symboliques. Survivante de l’esclavage sexuel et de la barbarie de Daech, elle a été reçue au Vatican en 2018 et à nouveau en 2020. François avait salué son courage et s’était dit bouleversé par son témoignage. Il avait déclaré :
« Ce que vous avez vécu dépasse l’imaginable. Mais votre voix est essentielle. Vous êtes le visage de votre peuple, de sa douleur, mais aussi de son espoir. »
Dans un geste hautement symbolique, il avait offert à Nadia un rosaire personnel, lui assurant de sa prière constante pour les femmes et les enfants encore captifs.
Un voyage historique, un message universel
En mars 2021, François devient le premier pape à fouler le sol irakien. Ce voyage historique, placé sous le signe du dialogue interreligieux, est aussi un hommage aux victimes du fanatisme. À Mossoul, ville détruite par les combats, il prie pour les morts de toutes confessions. À Qaraqosh, il salue la résilience des communautés chrétiennes, mais n’oublie pas les Yézidis.
Dans un discours poignant, il déclare :
« Je pense aux Yézidis, victimes innocentes de violences inhumaines. Que chacun retrouve sa place dans ce pays, dans la dignité, dans la paix. »
Son souhait : une Irak réconciliée, où les minorités puissent revivre, sans peur.
Un héritage de mémoire et de paix
La mort du pape François marque la fin d’un pontificat profondément humain. Son regard tourné vers les oubliés, son courage face aux puissants, et sa capacité à écouter les souffrances du monde laisseront une empreinte durable.
Pour la communauté yézidie, il aura été bien plus qu’un chef religieux : un défenseur, un allié moral, une voix sur la scène internationale. Il a contribué à inscrire leur tragédie dans la conscience collective, et à soutenir leurs appels à la reconnaissance, à la justice, et à la reconstruction.
Alors que les cloches du Vatican résonnent pour saluer sa mémoire, les Yézidis, comme tant d’autres, pleurent un homme de paix, dont la bonté aura traversé les murs du silence.
ÊzîdîPress – 24 Avril 2025