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Mir Tahsin Beg Saïd Alî, chef temporel et spirituel des Yézidis, dans une interview à la BBC (BBC / YT)

 

Le leader politique des Yézidis a réitéré à nouveau son appel à une force de protection internationale pour la région de Shengal dans le nord de l’Irak. Dans une interview à la BBC, Mir Tahsin Beg Saïd Alî a expliqué que, pour un retour complet des Yézidis à Shengal, qui est leur foyer, il y a d’abord quelques conditions à respecter. Tout d’abord, il faut confier les travaux de reconstruction de la ville à sa propre province, et d’après Mir Tahsin Beg, l’annexion de Shengal par la région autonome du Kurdistan ne ferai que raviver les tensions palpables dans la région, d’autant que les Yézidis se sentent trahi par le gouvernement Barzani dû à l’abandon de la ville aux mains des djihadistes en août 2014 . Dans le meilleur des cas, la province serait gérée politiquement par la population de Shengal elle-même.

Quant à la coexistence avec les anciens voisins arabes et kurdes dans Shengal, le chef spirituel des Yézidis n’y croit pas. Trop de résidents sunnites de Shengal ont participé au génocide des Yézidis par la milice terroriste « État islamique » (EI), car ceux-ci tout à coup se sont retourné contre leurs voisins yézidis lors des attaques génocidaires du 03/08/2014. Les Yézidis ont exprimé à plusieurs reprises un grand sentiment d’insécurité d’avoir à vivre ensemble avec leurs anciens voisins musulmans à Shengal. Le souvenir de la trahison est encore trop présent afin qu’ils acceptent de cohabiter de nouveau ensemble. Il faudra du temps pour que la confiance revienne.

Sur le rôle des peshmergas, il a affirmé qu’ils avaient quitté Shengal et abandonné les Yézidis il y a deux ans à une mort certaine. Si les forces peshmergas se sont enfuis en suivant les ordres ou par crainte de l’État islamique, Mir Tahsin Beg a affirmé ne pas connaître la véritable raison. Il a aussi fait part du manque de soutien sérieux du gouvernement central irakien aux yézidis, qui est probablement dépassé par son combat contre l’E.I. et aussi par manque de ressources.

Mir Tahsin Beg craint surtout une guerre civile sectaire après la chute de l’EI, où les Yézidis courent un grand danger d’être pris dans les feux croisés. Surtout à la lumière de l’offensive prévue à Mossoul qui devrait probablement commencer cette année. Les Yézidis doivent donc être protégés par la communauté internationale et surtout par l’Occident. Un retour sans une telle garantie est exclue, selon le chef spirituel.

L’interview du chef spirituel yézidi a reçu un écho différent parmi certains des grands médias kurdes dans le nord de l’Irak, où platitudes ont dominé la couverture. Pourquoi il a été question dans l’interview de « Yézidis irakiens » et non de « Yézidis kurdes, » était, par exemple, la question au centre des débats de la chaîne de télévision pro-gouvernementale Kurdistan24. D’autres part, insultes et accusations contre le chef yézidi n’ont pas mis longtemps à venir sur les réseaux sociaux.

© ÊzîdîPress, le 27 Septembre, 2016