Shingal (Irak) – Malgré que les villes et les villages de la province de Shingal soient en ruines, et que la plupart de ses habitants vivent dans des camps de réfugiés, les dirigeants du gouvernement kurde sévissent.

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En effet, le Kurdistan irakien, dirigé par Massoud Barzani, impose de lourdes répressions sur le territoire shingali. Les militants mettent en garde contre l’escalade des tensions entre le PDK (Parti Démocratique du Kurdistan) et le PKK (Parti Travailleur Kurde). Ces derniers mènent une lutte politique acharnée pour le pouvoir sur les terres des Yezidis.

Le maire auto-proclamé de Shingal, Mahmyt Khalil, ainsi que d’autres Yezidis pro-PDK menacent le PKK et ses forces alliées d’ « actions concrètes et plus agressives. » Officiellement, le président Barzani, a demandé au PKK de quitter la région.

Dans la prestigieuse revue américaine « Politique étrangère », la lutte pour le pouvoir est décrite comme la « guerre pour les intérêts des ennemis de l’EI (Etat Islamique). »

Dans ce magazine américain, le Yezidi Mahmoud Hamad, exprime les craintes de nombreux représentants de son peuple. Pour lui, les Yezidis seront pris dans les feux croisés du conflit kurde. Il déclare ceci :

  • « Nous sommes des pions dans ce jeu, et ne faisons confiance à personne ! »

Malheureusement leurs inquiétudes sont justifiées. Le gouvernement du PDK, de concert avec les forces armées non-yezidies, contrôle la route stratégique qui mène Shingal à Dohuk en passant par une ligne frontalière syro-irakienne « Rabie ». Et cela dure depuis près de quatre mois. Ce blocus persiste à Shingal.

De surcroit, les réfugiés yezidis sont formellement prohibés de revenir dans la région sans accords préalables des autorités kurdes. Egalement, les importations de certains produits shingali, tels que les matériaux de construction, sont interdits. Sans oublier que les Yezidis qui souhaitent retourner dans leurs villages ont été et sont toujours soumis à de multiples répressions des forces de sécurité contrôlées par le PDK. Il y a quelques jours, les forces de sécurité kurdes ont abattus un réfugié yezidi essayant de reconstruire sa maison à Shingal.

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Malgré leur fidélité au KDP, les Peshmergas yezidis dirigé par Kasym Shesho ne comprennent pas le comportement du gouvernement kurde. Ces forces armées pourraient se placer à certains points de contrôle pour aider les Yezidis, mais n’en font rien suite aux directives du gouvernement kurde.

Pour cette raison, le commandant des Forces de Défense du Ezdikhan (HPE), Haidar Shesho (Neveu de Kasym Shesho), a été le premier à publiquement critiquer son oncle lors d’un discours à Dortmund. En raison de sa politique, le KDP a de nouveau commencé à appliquer des méthodes autoritaires à Shingal.

Le parti a donné à toutes les forces autres que les siennes l’ordre expresse de se retirer à plus de 15 kilomètres de la région. Les Peshmergas du gouvernement Barzani ont contribué au début du génocide yezidi, et maintenant, ces mêmes forces essaient par tous les moyens de reprendre le contrôle de la région.

La livraison d’équipements médical dédiées aux Yezidis par le gouvernement central de Bagdad est bloquée. Les militants d’organisations non-gouvernementales voulant fournir une assistance humanitaire aux réfugiés yezidis ne sont pas autorisés à entrer dans Shingal.

15/11/2015 -- Sinjar-Iraq, Iraq --  An Ezidy civilian fighter walk through destroy buildings to check his home town in Sinjar market.
Un combattant yezidi  marche a travers les bâtiments détruits pour rejoindre sa maison a Shingal.

Le blocus des autorités kurdes de la région vise à faire pression sur les forces du PKK. Les force d’autodéfense et de protection de Shingal ainsi que les réfugiés yezidis sont des exemples de leviers de pression. Toutefois, l’assemblée spirituelle supérieur des Yezidis ne peut pas s’opposer ouvertement à cette politique. Ces pressions sont mises en place pour ne pas ébruiter les critiques.

À plusieurs reprises, Haidar Shesho a vivement critiqué les actions du gouvernement. Il critique l’interdiction de tout soutien aux Forces de Défense du Ezdikhan (HPE) ainsi que les divers harcèlements a l’encontre des hommes et femmes yezidis. Ceux-ci ne sont pas autorisés à rendre visite à leurs familles qui sont dans les camps de réfugiés à Dohouk. En outre, le président Barzani a présenté un ultimatum aux forces armées de Haidar Shesho : « Faire partie des Peshmergas ou quitter Shingal. »

Dans ces circonstances, selon les Yezidis, la seule solution serait de quitter l’Irak. Environ 100 000 Yezidis ont quitté le pays depuis 2014. Parmi eux, 30 000 ont cherché refuge en Allemagne.