Omer Abdallah
Omer Abdallah, l’un des leader du front Jabbat al-Nusra

Ankara (Turquie) – Depuis le début de la guerre civile en Syrie, le gouvernement turc s’est fixé comme objectif d’écarter du pouvoir le président Bashar el-Assad. Avec sa politique néo-ottomane et le retour d’un islam conservateur, la Turquie est en marche forcé de la ré-islamisation. Se positionnant désormais comme la puissance sunnite de la région du Moyen-Orient, la Turquie se voit replonger dans le vieux conflit sunnite-chiite, un antagonisme qui a divisé la communauté musulmane depuis la mort de leur prophète.

Le clan de Bashar el-Assad est d’obédience alaouite, et est en ce sens l’allié de la puissance chiite de la région : l’Iran. La Turquie de son côté, s’est alliée avec monarchies pétrolières du Golfe. La Turquie et les monarchies pétrolières veulent remplacer Bashar par un dirigeant sunnite et ainsi briser le croissant chiite.

Aidant jadis logistiquement l’Etat islamique en leur achetant notamment du pétrole mais également en leur fournissant des armes et en soignant les djihadistes blessés dans les hôpitaux turcs, Erdogan voulait faire d’une pierre deux coups : détruire le YPG et renverser Bashar el-Assad. La complicité du gouvernement turc avec l’organisation de l’Etat islamique était on ne peut plus clair lors du siège la ville de Kobané par les islamistes de Daech. Faisant officiellement partie de la coalition internationale anti-Daech, la Turquie n’a pas tiré un seul coup de feu sur les djihadistes, tandis que ces derniers étaient dans leur ligne de mire.

Mais le plus grand « allié » de la Turquie dans le cadre de la guerre civile syrienne est le groupe djihadiste « Jabbat al-Nursa », la branche syrienne de l’Al Qaida. C’est en ce sens que les deux F-16 turcs ont abattu le bombardier russe Su-24, le 24 novembre 2015, puisque la Russie ne se contentait pas de bombarder l’Etat islamique. En effet les bombardiers russes attaquaient également les milices islamistes de Jabbat al-Nusra composée essentiellement de Turkmènes. Le soutient de la Turquie à ces groupuscules extrémistes liés à l’Al Qaida est transparent et total. Pourtant idéologiquement peu de choses les distinguent d’un groupe djihadiste comme celui de l’Etat islamique.

Voici une vidéo dans laquelle l’un des commandant turkmène du front de Jabbat al Nusra, Ömer Abdullah est accueilli comme un héros dans la ville turque de Malatya:

En ce sens les journalistes de Cumhuriyet Can Dündar et Erdem Gül qui avaient publié les preuves de livraison d’armes aux djihadistes en Syrie par l’état turc, ont été condamnés à cinq ans et dix mois et à cinq ans de prison par le tribunal de Caglayan, à Istanbul, le vendredi 6 mai. Les deux hommes risquaient la prison à vie pour avoir divulgué dans leurs articles un trafic d’armes organisé par les services secrets turcs (MIT) à destination des djihadistes en Syrie.

ÊzîdîPress — 07.05.2016